Savoir-faire

Métal en Fusions

Passée de l’anonymat à la renommée internationale, la fonderie Fusions doit son ascension fulgurante à la détermination inébranlable d’un jeune homme parti de rien. À l’heure où elle réalise des œuvres pour les Jeux olympiques de Paris 2024, coup de projecteur sur cette entreprise des Combrailles qui voit défiler les plus célèbres artistes de la planète venus y faire couler leurs sculptures en bronze ou en aluminium à l’aide d’une technique ancestrale : la fonte à la cire perdue.

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Nicolas Anglade

D’un petit atelier à domicile, Fusions est devenue la plus importante fonderie d’art de France. « La mise en perspective est amusante », reconnaît David de Gourcuff, l’artisan de cet exploit. Diplômé de Sciences Po, rien, absolument rien ne prédestinait le jeune homme à lancer une telle activité. Son seul lien avec l’art sculptural ? Avoir habité lorsqu’il était enfant à côté de la fonderie Coubertin, dans la vallée de la Chevreuse. Maigre accointance, vous en conviendrez. « J’aimais l’art et j’avais envie d’une aventure à contre-courant », justifie simplement l’homme au regard perçant et aux cheveux désormais poivre et sel.

Pauline de Gourcuff, la fille du fondateur, est désormais co-directrice de la fonderie.

C’est après une année chez Michelin que le jeune audacieux décide de créer sa fonderie d’art, dans la grange de la maison achetée avec sa femme au bord du Gour de Tazenat. « À l’époque, tous les sortants de Sciences Po entraient faire carrière dans de grandes boîtes », recontextualise David. « Les rares qui se lançaient dans l’entreprenariat étaient considérés comme des tarés. Alors de l’entrepreneuriat dans le domaine de l’artisanat, vous imaginez ! » David, qui se forme en autodidacte, est vite rejoint dans l’aventure par un ingénieur « original » qui lui prêtera main forte pour la conception des machines. Le jeune entrepreneur emprunte alors 50000 francs à la banque, une somme loin d’être suffisante pour faire face aux multiples dépenses. L’entreprise a tout pour échouer. Mais c’est sans compter sur la pugnacité de David qui va chercher les clients au porte-à-porte. « Il a énormément de bagou, c’est un incroyable commercial », souligne fièrement sa fille, devenue co-directrice.

Les employés sont chacun spécialisés dans leur tâche qu’ils réalisent avec des doigts de fée.

Il faudra quatre ans au fondateur avant de pouvoir se verser son premier salaire. « Sans ma mère qui travaillait pendant ce temps-là, rien n’aurait été possible », rend hommage Pauline. Si en 30 ans l’activité de la fonderie a explosé, c’est toujours David qui gère la dimension commerciale. Et son ambition est sans limites. Le défi qu’il se lance désormais  : faire en sorte qu’une fonderie française (la sienne) se fraie une place sur le marché international, ce qui sous-entend d’aller marcher sur les plates-bandes de pays européens davantage connus pour cet art que le nôtre.

Un art de la précision

Au sein des ateliers disséminés dans d’anciennes écuries de Charbonnières-les-Vieilles et dans la zone artisanale toute proche, les employés, principalement des hommes, s’activent à leur poste de travail de 7h à 16h, dans un silence religieux ou dans le tapage assourdissant des machines. La réalisation d’œuvres en bronze ou en aluminium requérant un grand nombre d’étapes toutes plus minutieuses les unes que les autres, la polyvalence n’est pas de mise. C’est grâce à cette ultra-spécialisation que 50 pièces d’une rare qualité peuvent sortir des hangars chaque semaine. « Tous nos artisans ont été formés ici, ce sont de véritables orfèvres », souligne David. Derrière leurs gestes se cache un processus ancien, mais toujours aussi captivant : la fonderie à la cire perdue, un art alliant la précision de la sculpture à la cire avec la puissance brute de la métallurgie.

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