Savoir-faire

De la lave dans les veines

C’est dans un atelier de trois hectares à Volvic que Thierry Courtadon, aidé de ses sept employés, conçoit et taille les sculptures en pierre qui ont fait sa réussite. Portrait d’un « pierreux » toujours à la recherche de nouveaux équilibres, de nouvelles performances et de nouveaux visages à donner à la trachyandésite.

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Nicolas Anglade

C’est empressé, comme toujours, que Thierry Courtadon nous reçoit dans une petite salle annexe à son atelier et nous fait couler un café. Parler de sa personne, il en a l’habitude, pour autant il ne semble pas particulièrement prendre goût à l’exercice. Une partie de lui semble toujours ailleurs, sans doute plongée dans les oscillations de la lave, aussi nécessaire à sa vie que le sang qui coule dans ses veines. Dans le Puy-de-Dôme, Thierry Courtadon est une icône. Il transforme et magnifie la pierre de Volvic, une lave « peu dure et très homogène » sortie tout droit du Puy de la Nugère, en lui donnant des formes totalement inattendues. Déambuler dans son showroom, où ses œuvres sont exposées par dizaines, c’est le frisson assuré. Sa marque de fabrique entre toutes : la « dentelle », de fines et délicates lettres qu’il cisèle dans la pierre volcanique. Mais ce n’est pas tout.

Dans son atelier, sept tailleurs de pierre travaillent la matière pour répondre aux commandes.

Si certaines de ses sculptures sont épaisses et massives, la plupart sont un concentré de mouvement. Aériennes, en équilibre, elles s’étirent gracieusement vers le ciel, féminines et sensuelles. La maîtrise qu’a Courtadon de la pierre est telle qu’il est même capable de réaliser des ressorts qui possèdent une véritable élasticité. « Il faut imaginer à quel point tout cela était insoupçonné à l’époque », rappelle l’artiste. « L’intellect ne peut pas imaginer que la pierre soit flexible ». Les plus beaux compliments qu’il reçoit ? Qu’on lui dise « Je n’aurais jamais cru qu’il était possible de faire une chose pareille avec de la pierre. »

Créatif dans l’âme

L’entreprise qu’il gère existe depuis plusieurs générations mais est aux mains de la famille Courtadon depuis que son père, Jean-Louis, a épousé la fille d’un tailleur de pierre. « Mon beau-père travaillait seul, il était artisan, il n’y avait pas tous ces bâtiments ni ce matériel, c’est moi qui ai tout agrandi », explique l’homme de 73 ans, qui trime encore tous les jours dans l’atelier. C’est en 1972 qu’il reprend l’affaire, à une époque où il y avait encore une cinquantaine d’artisans à Volvic et une vingtaine de carriers qui exploitaient des petites parcelles, seuls ou avec un à deux compagnons. « Ça a bien changé ! », soupire-t-il. La pierre était alors travaillée exclusivement pour les domaines du bâtiment et du funéraire.

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