Né à Aurillac et élevé dans la ferme familiale à Nozières, rien ne prédestinait Hugo Manhes à devenir réalisateur. Au lycée, il aimait le cinéma « ni plus ni moins que les autres ». C’est finalement en s’intéressant à la technique, lorsqu’il était en école de commerce à Clermont-Ferrand puis Marseille, qu’il a progressivement acquis des compétences dans le domaine. « C’est l’objet caméra qui me passionnait », se rappelle-t-il. « On était en pleine période de démocratisation de la caméra numérique, avec notamment la Canon 5D, et j’étais fasciné par toutes les possibilités de production que ce progrès ouvrait. » Petit à petit, il se met à faire de la vidéo, en tandem avec l’un de ses meilleurs amis et colocataire qui, lui, pratiquait la photographie.
On était en pleine période de démocratisation de la caméra numérique.
Il ne faudra pas attendre longtemps avant que le destin, s’il existe, se mette en branle pour le jeter dans les bras du cinéma : dès la fin de ses études, Hugo rencontre le directeur de production de la série No Limit, produite par Luc Besson, qui allait être tournée prochainement à Marseille. Celui-ci lui propose de rejoindre l’équipe en tant qu’assistant-opérateur. Sans aucune expérience professionnelle dans le milieu du cinéma, voilà que le jeune Aurillacois se retrouve propulsé dans l’effervescence d’un tournage piloté par l’un des plus grands réalisateurs français.

Pas trop mal, pour un début ! Suite à ces quelques mois de « pure pratique de plateau », Hugo parvient à rejoindre l’équipe de Quentin Dupieux, qui se démarque par le style absurde et déjanté de ses films. Rubber, sorti en 2010, a particulièrement bluffé le néophyte : sa réalisation « extrêmement ingénieuse malgré un budget infime » constituait à ses yeux la preuve que le cinéma était devenu accessible. À l’inverse de sa collaboration précédente, il intervient cette fois en bout de chaîne, travaillant pendant plus de quatre ans à la postproduction des films Wrong Cops (2013) et Réalité (2014). Après ces deux expériences complémentaires, le Cantalien achève de se former en plongeant dans le bain impétueux de la publicité, passage quasi obligatoire pour qui espère un jour réaliser ses propres films, tant cette école est exigeante et formatrice.

Montrer les Hommes habitant le dehors
La société qu’il choisit pour réaliser des films publicitaires, WAG Production, est aussi celle qui accompagnera ses projets personnels. Le premier, lancé en 2018, est une série de cinq courts-métrages intitulée « Vers la nuit » dont chaque trame narrative se déroule au crépuscule. L’objectif : mettre en valeur des mouvements d’athlètes dans de grands espaces naturels en utilisant à chaque fois un artifice spécifique. « La performance en elle-même ne m’intéressait pas, j’étais uniquement dans une recherche d’esthétisme afin de mettre en lumière au mieux les synergies entre l’Homme et les éléments », explique l’artiste. Déjà, il brûle de valoriser son Cantal natal, ce qu’il accomplit en y tournant trois des films : « Le feu de l’adolescence », dans lequel on observe des skateurs dévaler une route sur des planches en feu, « À flanc de montagne », où l’on admire le danseur Link Berthomieux évoluer sur une plateforme suspendue 100 m au-dessus du col du Redondet, et « Saisons », réalisé en partenariat avec le collectif Madcow, qui n’est rien de moins qu’une ode aux quatre saisons dans le Cantal à travers le cheminement d’athlètes pratiquant leur discipline entre le puy Violent (1592 m) et le puy Mary (1783 m).