Culture

Les règles de l’art

Elsa Pallot et Benoît Reiss ont repris en 2017 le flambeau de Cheyne éditeur sans en dénaturer l’identité. Une transition en douceur dans une volonté partagée avec son fondateur de faire perdurer cette maison spécialisée dans la poésie et qui imprime également ses ouvrages.

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Damien Lorrai

Il est des métiers passions où la transmission est cruciale : l’édition est de ceux-ci. Les deux jeunes repreneurs ont été accompagnés dans leur projet pendant six mois par Jean-François Manier [Voir reportage précédent] qui, contrairement à beaucoup de fondateurs de maisons d’éditions, n’a eu aucun mal à transmettre. Elsa, qui travaillait déjà à Cheyne depuis son alternance de Licence Pro Métiers du Livre (et devenue entre-temps Assistante de gestion et d’édition), était très intéressée par la reprise de l’entreprise mais, à 23 ans, ne souhaitait pas se lancer seule dans l’aventure. Après quelques recherches, c’est Benoît qui s’est investi, lui qui avait fait des études d’édition puis était devenu auteur, et dont Cheyne avait publié le premier livre. La complémentarité du binôme est évidente et sert leurs projets éditoriaux, qu’on aurait tort de croire locaux.

Au contraire, leur catalogue est à la fois pointu, contemporain et varié, leur éventail de sept collections réussissant la performance de démocratiser un style littéraire – la poésie – toujours un peu dénigré. Leur mot d’ordre ? L’indépendance ! Aussi bien financière qu’intellectuelle : ils s’autorisent la liberté de publier une douzaine d’œuvres qu’ils aiment et veulent défendre sans pression extérieure, parmi le millier de manuscrits qu’ils reçoivent par an. Leur indépendance de fabrication – fait rare dans la profession – leur permet également la plus grande latitude en matière de tirages, de stocks et de distribution (ils ont fait le choix courageux mais payant d’être auto diffusés uniquement au travers d’un vrai réseau de 350 partenaires libraires).

Démocratisation et savoir-faire

« Notre rôle, nous expliquent-ils, c’est aussi d’aller chercher des non-lecteurs de poésie, par des lectures, des rencontres, comme par exemple avec le festival de poésie et de littérature contemporaine Lectures sous l’arbre au Chambon-sur-Lignon, qui connaît un succès grandissant chaque année en août depuis sa création en 1992. » Cette parenthèse estivale qui dure désormais une semaine rassemble lecteurs, auteurs, intervenants et une très grande librairie d’un millier de titres, pour profiter du cadre naturel et du territoire autour de l’objet livre et de la parole échangée : « il y a eu plus de 5 000 entrées cette année ! ».

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