Terre & Saveurs

Lucie et la chocolaterie

Palets d’or, chocolat cassé, oranges confites, délicieux, boules crème... À Clermont-Ferrand, tout le monde a son chocolat Vieillard préféré. Véritable institution, cette mythique maison ouverte en 1781 vient de trouver repreneur, pour le plus grand bonheur des plus gourmands. Vous voulez savoir qui se cache derrière la chocolaterie ? Une jeune femme passionnée, Lucie Berger, bien décidée à préserver ce trésor du patrimoine clermontois.

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Nicolas Anglade

Certaines douceurs ravivent des souvenirs, régalent les papilles, racontent des histoires. Quiconque eut le plaisir de goûter les chocolats Vieillard comprendra. Dans tous les placards chez les grands-parents, sur toutes les tables pour accompagner le café, ils ont bercé de leurs doux arômes la tendre enfance de générations de Clermontois. Uniques, fondants, gourmands… ils sont si bons ! Tous vous le diront.

À quelques jours de Pâques, les moules des poules en chocolat sont fabriqués à la main.

Heureuse propriétaire de la Maison Vieillard, Lucie Berger a repris les rênes de la chocolaterie en octobre dernier et écrit la suite d’une histoire commencée il y a… 243 ans ! Lorsque Vieillard ouvrit ses portes rue Pascal à Clermont-Ferrand en 1781, Louis XVI régnait encore ! Originaire de Clermont, la jeune femme a suivi des études dans l’hôtellerie et la restauration et s’est installée à Lyon où elle travailla quelque temps dans un hôtel cinq étoiles. Puis vint le Covid… « Ce fut une période de remise en question quant à ce que je voulais faire. Mais je savais que j’avais fait ces études pour les métiers de bouche, pas vraiment pour l’hôtellerie », se souvient-elle. Ce n’est qu’une fois de retour dans sa ville natale que son père l’informe de la vente de la Maison Vieillard. « En tant que bonne Clermontoise, j’ai toujours mangé du chocolat Vieillard. Je n’ai jamais vraiment eu le goût pour d’autres que ceux-là, ou du moins le plaisir n’était pas le même », poursuit Lucie, l’œil pétillant. Entre la jeune femme et Isabelle et Frédéric Gay, ses prédécesseurs, l’alchimie fut immédiate.

Si Vieillard ne fait pas de bean to bar (fabrication du chocolat à partir de la fève), la Maison achète un chocolat propre à elle.

Une rencontre inespérée qui scella le sort de la Maison. « On ne pensait pas trouver quelqu’un d’aussi intéressé qui voudrait conserver la Maison telle quelle. Nous avons rencontré beaucoup de monde mais on désespérait… On ne voulait pas vendre à quelqu’un qui allait faire n’importe quoi ou autre chose. Alors quand on a rencontré Lucie, c’était inattendu ! », raconte Isabelle, toujours au service dans la boutique.

Discrète mais volontaire, timide mais passionnée, Lucie s’inscrit dans cette lignée de femmes qui marquèrent le destin de la chocolaterie.

En effet, hors de question pour Lucie de changer quoi que ce soit. Consciente de ce que ces douceurs représentent pour les clients, elle souhaite plus que tout maintenir la qualité de ces chocolats uniques et rester fidèle à la tradition de la maison, surtout quand on connaît son passé ! Comme une écolière, Lucie déplie alors ses feuilles de papier, prête à nous conter l’histoire de la chocolaterie  Vieillard…

Une histoire à croquer

Il était une fois Guillaume Forest, confiseur, qui ouvrit en 1781 une boutique au 38 rue Pascal à Clermont-Ferrand, laquelle prit le nom de Vieillard lorsqu’Antoine et Nicolas Vieillard rachetèrent le local à la fille de Guillaume en 1847. Chocolats, pâtisseries, pâtes de fruits, petits fours… La Maison régalait déjà les Clermontois. Ce n’est qu’en 1861 que la confiserie déménagea au 31 rue Pascal, mythique adresse historique, où trône encore majestueux l’immense V sur la devanture. La petite boutique vit défiler du beau monde. De passage à Clermont-Ferrand, Napoléon III lui-même et son épouse Eugénie dégustèrent ses produits, pour le plus grand succès de la maison qui reçut alors sa première médaille et un diplôme d’honneur. À la mort d’Antoine en 1881, c’est son fils Auguste qui reprit l’activité.

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